LA MONSTRUEUSE PROVOCATION ANTIJUIVE



Les 9, 10 et 11 juillet, Lucien Sampaix dévoile la monstrueuse provocation antijuive préparée par les fascistes français.


En citant les noms, les documents, en reproduisant les textes, il prouve :


1° l'existence de dizaines de ligues antijuives, possédant de luxueux locaux et une série de journaux, toutes à influence nettement hitlérienne et financées par Berlin ;


2° l'existence d'un plan de provocations machiavéliques... "L'antijuif ne doit pas paraître un hitlérien ou un fasciste". Crier "à bas les Juifs", ne sert à rien! Il faut crier "Vivent les Juifs!" et "A bas les Français!" Inscrivez partout "Vivent les Juifs",
"A bas les c... de Français!"


Lucien Sampaix continue, les jours suivants, à montrer comment l'espion Abetz achetait des complicités dans la presse.


Le 18 juillet, il donne comme preuve de cette pénétration nazie l'arrestation de M. Aubin, chef des informations du Temps, et de M. Poirier, chef de la publicité du Figaro, qui avaient touché l'un trois millions et demi, l'autre un million, et révèle qu'ils étaient suspects de trahison.


D'autres journaux avaient publié l'information sur ces arrestations, sans être inquiétés. Mais le gouvernement fait poursuivre Lucien Sampaix sous prétexte de "divulgation de renseignements relatifs à une enquête en cours", pensant tenir un prétexte pour arrêter la campagne de vérité menée par l'Humanité.

Alors que Lucien écrit: "...il faudra bien se résoudre à frapper là où est la haute trahison; les traîtres, même, et surtout s'ils sont haut placés, doivent être impitoyablement châtiés!.."
...les journeaux fascistes, eux, réclament sa tête!.. tel Gringoire qui le désigne comme "Rédacteur à la solde officielle des Soviets"...et souhaite la dissolution du Parti Communiste.



LE PROCES DU 28 JUILLET 1939

Le procès a lieu le 28 juillet 1939 devant la 12e Chambre correctionnelle de la Seine.


"Monsieur SAMPAIX, vous êtes prévenu, à la requête du Ministère Public, d'avoir, à Paris, le 18 juillet dernier, enfreint les dispositions de la loi du 26 janvier 1934...en divulgant des renseignements relatifs à des enquêtes ou informations suivies sur une infraction prévue par ladite loi."


Le secrétaire général de l'Humanité, dans une fière et courageuse déclaration, dit :

" Hitler cherche, et il trouve toujours, des hommes à l'intérieur des pays pour faciliter et exécuter sa besogne. Pour assurer la victoire sur la France, il sait bien que la force de ses années serait insuffisante et serait bien plus insuffisante encore si l'on se décidait enfin à signer ce grand pacte de paix avec l'Union Soviétique. Il compte surtout sur la décomposition morale, sur la lâcheté, sur la désorganisation morale et intellectuelle de notre pays qu'il voudrait provoquer.


" Cela, Messieurs, nous, communistes, nous, démocrates, et nous, Français, nous ne l'acceptons pas. Nous lutterons de toute notre force contre cela. "


" Nous pensons qu'il est temps de mettre un terme aux agissements des agents de M.Abetz, aux agissements de leurs complices et aux agissements de leurs protecteurs en France.


" L'émotion populaire a été grande, et je vous assure que, depuis huit jours, j'ai reçu des témoignages de la France, de la vraie France. Des milliers de témoignages nous sont parvenus, pour nous inciter à continuer notre campagne et nous féliciter.


" J'ai conscience d'avoir servi la nation en journaliste, en communiste et en Français. "


Marcel Cachin, directeur de l'Humanité, témoigne :

" Le Parti a reconnu la grande intelligence, le courage de mon ami Sampaix, a reconnu qu'il pouvait être utilisé, avec son honnêteté absolue, sa rectitude d'esprit irréprochable, et nous l'avons pris à l'Humanité. "


Marcel Cachin évoque " l'atmosphère de désintéressement total où vivent des hommes comme notre ami Lucien Sampaix, et je tenais à lui rendre ce témoignage public qu'il est l'homme le plus consciencieux et, en même temps, un journaliste improvisé et un journaliste de grande ligne ".